Traitement du doigt à ressaut
La pathologie du doigt à ressaut est fréquente et bénigne mais son impact sur la qualité de vie n’est pas négligeable : le patient ne parvient plus à déplier ses doigts, perd de la force et éprouve des difficultés dans les gestes de la vie quotidienne.
Si un traitement médicamenteux bien conduit n’a pas permis d’obtenir une amélioration, il est possible de recourir à la chirurgie, avec de très bons résultats.
Focus sur le traitement chirurgical du doigt à ressaut.
Définition du doigt à ressaut
La cause du doigt à ressaut est mal connue, même s’il existe certains facteurs favorisants (lésion antérieure du tendon, diabète, réalisation de gestes répétitifs, etc.).
La maladie se caractérise par une difficulté, voire une impossibilité de mettre le doigt en extension en raison d’un conflit entre le tendon fléchisseur et le « tunnel » dans lequel il coulisse, appelé poulie. L’épaississement du tendon provoque une inflammation qui l’empêche de coulisser correctement pour permettre un mouvement fluide du doigt.
Lors de l’extension, il se produit une résistance, voire un blocage : le doigt ne se déploie qu’avec un temps de retard, d’où le phénomène de ressaut, ou reste bloqué en flexion (c’est ce qu’on appelle un flessum).
Le doigt à ressaut concerne des patients de tout âge puisque l’insuffisance de diamètre de la poulie peut exister dès la naissance. Mais la majorité des patients atteints sont d’âge moyen, avec une prédominance féminine.
Un seul doigt peut être touché ou plusieurs. L’atteinte peut être unilatérale ou bilatérale.
Indications du traitement du doigt à ressaut
Dans les formes débutantes ou peu sévères, le doigt à ressaut est traité médicalement.
Il existe principalement trois prises en charge médicales efficaces :
- Dans les formes légères ou débutantes, une simple mise au repos suffit souvent pour améliorer la mobilité du doigt : elle passe par le port d’une attelle ou plus simplement l’arrêt des gestes répétitifs.
- Un traitement médicamenteux à visée antalgique et anti-inflammatoire peut être proposé en cas de douleurs, bien qu’elles ne soient pas systématiques.
- Des infiltrations peuvent apporter un soulagement mais elles ne doivent pas être renouvelées trop souvent, au risque de provoquer une rupture du tendon. C’est donc une solution ponctuelle qui ne suffira pas si l’atteinte est sévère.
Ces traitements médicaux permettent d’obtenir une amélioration dans un grand nombre de cas mais lorsque la pathologie est sévère ou trop avancée, il est préférable de se tourner vers une solution chirurgicale.
Zoom sur le traitement du doigt à ressaut
La chirurgie du doigt à ressaut consiste à traiter directement la cause de la pathologie : puisque le volume du tendon est trop important par rapport au tunnel dans lequel il doit s’insérer et coulisser, l’intervention consiste à élargir ce tunnel. Une fois l’adéquation entre la taille du tendon et celle du tunnel rétabli, il n’y a plus de zones de conflit. Le coulissement normal permet à nouveau une flexion et une extension fluides du doigt.
L’intervention, appelée ténolyse, est réalisée en ambulatoire, sous anesthésie loco-régionale ou locale.
- Le chirurgien réalise une incision au niveau du tendon atteint pour élargir la taille du tunnel et ainsi supprimer les zones de frottement qui gênaient la mobilité.
- Le tendon lui-même est parfois nettoyé et traité pour atténuer les effets de l’inflammation. Lorsqu’il existe, le nodule n’est pas retiré car il n’est que le résultat du frottement avec la poulie : une fois que celle-ci est élargie et que le frottement a disparu, le nodule doit en principe se résorber naturellement.
- Dans certains cas, quand la gaine synoviale est vraiment très abîmée, le chirurgien peut décider de la retirer entièrement : on parle alors de synovectomie.
- Il peut également associer à son geste une libération de l’articulation (arthrolyse) quand le doigt à ressaut s’inscrit dans une pathologie rhumatismale plus large.
Suivi post-opératoire
L’intervention est relativement rapide et ses suites sont simples.
- Dans les jours qui suivent l’opération, les patients peuvent avoir quelques douleurs dans la paume de la main mais elles sont très transitoires et cèdent facilement avec des antalgiques.
- Les pansements doivent être scrupuleusement renouvelés jusqu’à cicatrisation. Il subsiste ensuite une minime cicatrice qui doit être massée avec une crème hydratante pour la rendre bien souple.
- Aucune kinésithérapie n’est obligatoire, sauf cas particuliers. Pour retrouver une mobilité normale, il suffit que le patient mobilise lui-même régulièrement ses doigts en position de flexion et extension, avec précaution dans les suites immédiates.
Il faut compter environ un mois et demi avant récupération complète. Il est possible que la sensation de raideur et un léger gonflement subsistent pendant quelques mois sans remettre en cause les résultats.
Entre-temps, un arrêt de travail est prescrit, généralement pour trois semaines. Sa durée varie en fonction de l’activité professionnelle exercée par le patient.
Ce n’est que dans les cas les plus sévères qu’une orthèse peut éventuellement être portée pour maintenir le doigt en position d’extension le temps de la convalescence.
Risques et complications
La ténolyse est une intervention bien rôdée qui comporte très peu de risques.
Comme pour toute intervention chirurgicale, certaines complications, bien que rares voire exceptionnelles, peuvent survenir :
- Une infection : une attention particulière est portée à la surveillance des suites opératoires chez les patients diabétiques, pour lesquels les complications de cicatrisation sont plus fréquentes.
- Des adhérences qui peuvent gêner le coulissement du tendon.
- Un échec de la chirurgie si l’ensemble du tunnel n’a pas été suffisamment élargi.
- Une extension du doigt qui, bien qu’améliorée par la chirurgie, n’est pas complète.
- Une lésion tendineuse.
- Rarement, une algodystrophie peut apparaître, avec un gonflement de la main, une augmentation des douleurs et une persistance de la raideur.
Résultats attendus
L’intervention donne d’excellents résultats dans des délais rapides puisqu’une amélioration est constatée dès les jours qui suivent l’opération.
- Le ressaut disparaît puisque le tendon coulisse normalement dans la poulie.
- Le doigt peut être remis en extension, au prix d’une certaine raideur qui s’assouplit rapidement ensuite.
- Le patient récupère une force correcte et n’est plus gêné dans les actes de la vie courante, la préhension des objets redevient normale.
En principe, les résultats de l’intervention sont définitifs mais la pathologie peut toucher d’autres doigts ou l’autre main.