Traitement des corps étrangers du coude
Le traitement des corps étrangers intra-articulaires du coude demande le plus souvent un geste chirurgical, au risque de voir la douleur et les phénimènes de blocage persister. Même si cette chirurgie par arthroscopie reste simple pour un chirurgien aguerri, le recours à un spécialiste du coude s’avère préférable.
Définition d’un corps étranger intra-articulaire du coude
L’articulation du coude réunit en réalité trois articulations entre l’humérus, os du bras, et l’ensemble radius ulna, os de l’avant-bras. L’articulation huméro-ulnaire, l’articulation huméro-radiale et l’articulation radio-ulnaire proximale comprennent un espace interarticulaire unique, où baigne le liquide synovial, au rôle nutritif et lubrifiant.
Un corps étranger se définit comme un corps libre, venant se loger dans cet espace inter-articulaire : il s’agit le plus souvent d’un fragment de tissu osseux cartilagineux, pouvant se détacher de tissus fragilisés (traumatisme, troubles de la croissance du cartilage chez le jeune, arthrose du coude avancée…).
Plus rarement, il peut s’agir de lésions prolifératives, comme dans l’ostéochondrome, une tumeur bénigne du cartilage.
Indications du traitement des corps étrangers du coude
La présence d’un corps étranger au coude n’implique pas forcément de traitement chirurgical, car certaines de ces lésions peuvent n’entraîner aucun symptôme.
Tout dépend en réalité de la taille du corps étranger, de sa composition, et de sa mobilité.
Les symptômes vont s’exprimer dans deux cas principaux :
- En cas d’inflammation causée par le corps étranger, avec une douleur accentuée à la mobilisation du coude.
- En cas de blocage articulaire, celui-ci étant le plus souvent intermittent.
En cas de blocage articulaire du coude, ou de douleurs persistantes, le traitement chirurgical du corps étranger s’avère alors nécessaire, pour le retirer.
Dans le cadre d’une arthrose du coude avec une souris articulaire, toute la difficulté et le défi chirurgical consistent à bien déterminer la cause de la douleur : est-elle liée à l’arthrose ou au corps étranger ?
Traitement chirurgical des corps étrangers par résection arthroscopique
L’intervention chirurgicale pour retirer des corps étrangers du coude s’effectue généralement en ambulatoire, sous anesthésie générale ou locorégionale.
La technique va dépendre de la taille et du nombre de corps étrangers à extraire :
- La chirurgie arthroscopique du coude se fait avec des micro-instruments sous endoscopie, permettant de faire de minimes incisions sur le coude et une récupération plus rapide.
- La chirurgie à ciel ouvert est réservée aux cas les plus complexes.
Si la technique mini-invasive de l’arthroscopie permet un geste chirurgical simple, le vrai défi pour le chirurgien consiste à localiser tous les corps étrangers, quelle que soit leur taille, afin de tous les retirer.
C’est pourquoi un chirurgien spécialiste du coude ne va pas hésiter à changer les voies optiques et instrumentales, pour garantir une exploration méthodique de tous les secteurs. Il peut débuter par le compartiment postérieur, siège fréquent de corps étrangers, en incluant la fossette sus-olécranienne et la gouttière.
Il va poursuivre sur l’interligne articulaire condylo-radiale, puis sur la partie antérieure (culs de sacs articulaires interne et externe, puis espace articulaire entre la coronoïde et l’extrémité du radius).
Plusieurs petites astuces permettent de gagner en efficacité, pour repérer les corps étrangers et les saisir facilement : arrêter temporairement le flux d’irrigation locale, piquer le corps étranger avec une aiguille ou le saisir selon son grand axe, retirer en premier les plus petits, fragmenter si besoin un corps étranger trop gros, inciser la synoviale pour libérer un fragment enchâssé… Méthode systématique et rigueur sont le secret d’une chirurgie du coude réussie.
Une fois les corps étrangers retirés, l’articulation est lavée et les incisions sont suturées.
Vue peropératoire
Suivi post-opératoire de la chirurgie des corps étrangers du coude
Dans le cadre d’une chirurgie par arthroscopie, la récupération s’avère assez rapide.
La douleur reste modérée, et se calme aisément avec des antalgiques de grade 1 type paracétamol. En cas de coude gonflé avec œdème, il est possible d’appliquer des systèmes de froid.
Une attelle est laissée en place quelques jours, pour laisser le coude au repos.
Sauf contre-indication spécifique, le patient doit mobiliser ses doigts et son membre supérieur, pour limiter le gonflement du coude et les adhérences.
Des exercices doux sont prescrits par le kiné, et adaptés à la récupération fonctionnelle de chaque patient.
Risques et complications d’une exérèse de corps étranger au coude
Même si la technique de nettoyage articulaire par arthroscopie reste bien maîtrisée, certains risques existent, avec une part d’aléa chirurgical.
La complication la plus fréquente reste bénigne : il s’agit de saignements locaux, aboutissant à la formation d’un hématome. Ce risque est d’autant plus fréquent que les corps étrangers retirés sont gros, plus ou moins enchâssés dans des tissus enflammés, ou de forme acérée.
Un hématome au coude se résorbe le plus souvent spontanément, seuls les hématomes les plus conséquents demandant une ponction chirurgicale.
Les autres complications, comme l’infection articulaire, ou les blessures traumatiques du nerf, s’avèrent plus rares.
Résultats attendus après une ablation de corps étranger du coude
Le traitement des corps étrangers par chirurgie arthroscopique donne de bons résultats.
Les blocages du coude, largement invalidants avant opération, disparaissent, ainsi que la douleur.
Certains patients peuvent garder un œdème résiduel avec un épanchement plus ou moins marqué, donnant le coude un peu plus gonflé.
Ces résultats varient selon deux critères principaux :
- Le type de chirurgie effectué, la récupération étant plus longue après une chirurgie du coude à ciel ouvert.
- La cause du corps étranger au coude, la récupération étant plus rapide sur des causes traumatiques ou des troubles de croissance type ostéochondrite disséquante OCD ; en revanche, les résultats peuvent être plus aléatoires sur un coude arthrosique dégénératif, une partie de la douleur ou du blocage n’étant pas systématiquement la conséquence des seules souris articulaires.