Disjonction acromio-claviculaire chronique
La disjonction acromio-claviculaire est une lésion grave de cette articulation, constituée d’une partie de l’omoplate (l’acromion) et de la clavicule.
Elle est dite chronique lorsque la gêne est liée à un traumatisme ancien et non récent.
Voici tout ce qu’il faut savoir sur les symptômes, le diagnostic et le traitement des disjonctions acromio-claviculaires chroniques.
Définition de la disjonction acromio-claviculaire chronique
L’articulation acromio-claviculaire, formée de l’acromion et de la clavicule, est fragile. Elle est très exposée lors des chutes directes sur l’épaule, notamment dans certains sports comme le vélo, le rugby ou le judo.
Cette disjonction est constituée quand la clavicule « glisse » de son emplacement naturel, n’étant plus maintenue par les ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires. Il en résulte une instabilité de l’épaule et une impossibilité de réaliser certains gestes du bras.
La disjonction est classée par ordre de sévérité selon 6 stades. La plupart des disjonctions aigües vont évoluer favorablement mais dans certains cas la gêne peut persister de façon chronique.
Causes et symptômes de la disjonction acromio-claviculaire chronique
Causes
La disjonction acromio-claviculaire chronique est une instabilité persistante et douloureuse de la clavicule au niveau de cette articulation et plus de 6 mois après le traumatisme.
La lésion de l’articulation acromio-claviculaire est souvent accidentelle. Elle fait suite à un choc important sur l’épaule. Dans les cas les moins graves, un traitement médical suffit pour remettre la clavicule en place. Mais malgré ce traitement, il peut parfois subsister une faiblesse des ligaments qui se relâchent au fil du temps, avec une déformation persistante et une gêne fonctionnelle. La disjonction apparaît donc dans un second temps, avec installation progressive des symptômes d’une instabilité chronique. C’est également le cas quand la lésion, d’emblée grave, n’a pas été opérée rapidement, en phase aiguë (c’est-à-dire dans les trois semaines à un mois qui suivent le traumatisme).
Symptômes
Les symptômes d’une disjonction chronique sont souvent moins marqués que ceux d’une disjonction aiguë. Ils s’installent généralement de manière progressive ou persistent après une lésion accidentelle :
- Des douleurs chroniques.
- Une perte de force dans les mouvements du bras.
- Des craquements et des sensations de ressaut dans l’épaule, qui peuvent faire redouter la réalisation de certains gestes.
- Une instabilité.
- Une clavicule déplacée et en saillie sous la peau, qui peut être très visible sur les sujets minces.
Facteurs de risques de la disjonction acromio-claviculaire chronique
Les deux principaux facteurs de risques d’apparition d’une disjonction acromio-claviculaire chronique sont :
- L’âge.
- Une pratique sportive impliquant des chutes sur l’épaule.
- La survenue d’une lésion de l’articulation, en raison du risque de séquelles persistantes.
Diagnostic de la disjonction acromio-claviculaire chronique
Le diagnostic est réalisé en plusieurs étapes :
- L’interrogatoire du patient permet de mettre en évidence la notion d’un traumatisme passé sur l’épaule ou l’existence d’une pratique professionnelle ou sportive la sollicitant beaucoup.
- L’examen clinique montre une limitation des mouvements, des douleurs à la mobilisation et une clavicule dans une position inhabituelle et inesthétique, parfois en saillie.
- Les examens radiologiques (radiographies standards, IRM) montrent l’étendue des lésions et permettent d’évaluer le degré d’usure des ligaments (voire de constater leur rupture).
Traitement de la disjonction acromio-claviculaire chronique
Lorsque la disjonction acromio-claviculaire est devenue chronique, une intervention chirurgicale est recommandée pour réparer les ligaments et stabiliser la clavicule. C’est d’autant plus important qu’en cas d’abstention, il peut se produire une évolution vers l’arthrose, qui sera difficile à traiter et handicapante au quotidien.
Cette intervention est le plus souvent réalisée sous anesthésie générale et/ou locorégionale, en ambulatoire. Selon les cas, le chirurgien opte pour :
- La technique conventionnelle dite à ciel ouvert, en pratiquant un large incision au niveau de l’épaule pour accéder à la zone à opérer.
- La technique arthroscopique: l’intervention est alors réalisée en vidéochirurgie, avec de petites incisions limitées, destinées à introduire une caméra miniaturisée et des instruments chirurgicaux. Le chirurgien réalise le geste en étant guidé par les images agrandies de la zone à opérer, sur écran.
L’opération se fait généralement en deux temps successifs :
- Un repositionnement de la clavicule en situation normale par rapport à l’acromion, souvent grâce à des boutons, des broches, des fils ou des vis pour maintenir les portions osseuses entre elles.
- Une reconstruction des ligaments abîmésen utilisant, dans la mesure du possible, les ligaments environnants : dans certains cas, ce sont des ligaments artificiels qui sont préférés, quand l’état des ligaments ne permet plus une cicatrisation naturelle après remis en place de la clavicule.
Le grand avantage de la chirurgie arthroscopique est son caractère peu invasif. Le temps de convalescence est réduit par rapport à une opération à ciel ouvert. Les incisions sont beaucoup plus discrètes que dans la chirurgie conventionnelle, ce qui réduit à la fois les risques d’infection ou de mauvaise cicatrisation et les cicatrices.
Qu’il soit réalisé sous arthroscopie ou non, le traitement chirurgical de la disjonction acromio-claviculaire chronique donne généralement de très bons résultats et permet au patient de récupérer une mobilité normale de son épaule. Les douleurs chroniques sont atténuées, la sensation de ressaut et d’instabilité de l’épaule disparaît.
L’autre intérêt d’opérer est d’éviter que, du fait de l’usure des ligaments et de la limitation de la mobilité de l’épaule, une arthrose s’installe.