Chirurgie de l’instabilité de l’épaule : Latarjet
Pour remédier à une instabilité de l’épaule, il existe principalement deux solutions chirurgicales : l’intervention de Bankart, par voie arthroscopique, et la chirurgie de butée de Latarjet, par voie ouverte.
Quelles sont les indications de l’intervention de Latarjet, son déroulement et ses suites ? Voici tout ce qu’il y a à savoir sur cette solution pour stabiliser durablement l’articulation de l’épaule.
Définition de l’instabilité de l’épaule
L’articulation de l’épaule est composée de plusieurs éléments :
- Les ligaments.
- La glène, sorte de creux au niveau de l’omoplate.
- Une capsule articulaire.
- Un bourrelet, le labrum, qui entoure la glène.
Cette structure complexe assure la bonne position de la tête de l’humérus et son coulissement normal au niveau de la glène, et donc le mouvement de l’épaule.
Pour des raisons essentiellement traumatiques, il peut arriver que la tête de l’humérus sorte de cet espace et se déboîte. Ce déboîtement de l’épaule, qu’on appelle également luxation, cause des douleurs importantes. Lorsque l’articulation revient spontanément à sa place, on parle de subluxation.
Lorsque l’événement est isolé, on ne parle pas encore d’instabilité de l’épaule. Le terme est employé lorsqu’il s’est produit un minimum de deux récidives de la luxation. Ces récidives sont très fréquentes, environ dans un cas sur deux. Elles créent un cercle vicieux : plus il y a de luxations, plus l’épaule est instable et plus le risque est grand d’en subir de nouvelles.
Au fil des récidives, le patient est de plus en plus handicapé dans la réalisation des gestes du quotidien, y compris sur un plan professionnel et sportif.
Indications de la chirurgie de Latarjet
Lors de la luxation initiale, voire de la première récidive, une prise en charge limitée à des séances de rééducation suffit. Elle peut être débutée rapidement après une courte immobilisation et permet de récupérer de bonnes mobilités de l’épaule. Elle ne permet en aucun cas de prévenir la survenue d’une autre luxation.
Dès le deuxième épisode, une solution chirurgicale peut être envisagée, d’autant plus si le sujet est jeune et risque de connaître de nombreuses autres luxations. La probabilité de récidive pour un patient de moins de 20 ans est très élevée.
L’intervention est donc souvent proposée à des patients encore jeunes et très gênés par les récidives et l’instabilité qui en résulte.
Il existe deux modalités chirurgicales : la technique de Bankart, par voie arthroscopique, et la technique de butée de Latarjet. Cette seconde intervention est réalisée à ciel ouvert.
Elle s’adresse principalement aux patients chez lesquels les récidives multiples ont causé des lésions osseuses de la tête humérale (encoche de Hill Sachs) ou de la glène. Elle est particulièrement indiquée aussi chez les patients pratiquant des sports de contact et les patients hyperlaxes.
Zoom sur la chirurgie de butée coracoïdienne ou Latarjet
La technique de Latarjet consiste à créer une butée osseuse sur la glène de l’omoplate pour retenir la tête de l’humérus et éviter qu’elle ne se déboîte.
Pour créer cet effet de butée, plusieurs étapes sont nécessaires :
- Le Docteur Ciais efffectue cette intervention de façon mini-invasive permettant de limiter l’incision à 4 cm environ.
- L’apophyse coracoïde est une expansion osseuse de l’omoplate qui est prélevée et déplacée pour être fixée solidement par deux vis en avant de la glène.
- Sur la coracoïde s’insèrent des tendons qui sont conservés et viendront renforcer la stabilité de l’épaule en complément de la butée osseuse.
- Pour finir, la capsule articulaire qui entoure l’articulation est retendue.
- L’incision est fermée par un surjet au fil résorbable permettant d’obtenir une cicatrice la plus discrète possible.
L’intervention se déroule en ambulatoire, dure une heure environ, sous anesthésie générale et locorégionale, ce qui permet de garantir une analgésie optimale même après le réveil.
Butée Bernageau Latarjet
Butée profil Latarjet
Butée face Latarjet
Suivi post-opératoire de la chirurgie de Latarjet
- Des soins locaux pour la cicatrice avec changement du pansement tous les 2 jours sont effectués pendant 2 semaines.
- Une immobilisation par une écharpe doit être conservée pendant un mois pour éviter tout mouvement intempestif.
- Pendant cette période, les mouvements du bras sont possibles en évitant ceux de grande amplitude et de rotation. Il est possible de retirer l’attelle pour certains mouvements du quotidien comme se laver, s’habiller, taper à l’ordinateur. Votre chirurgien vous donnera des recommandations précises avant votre sortie.
- De petites douleurs peuvent persister pendant cette période et sont surtout liées à la raideur de l’épaule post-opératoire.
- Une fois que l’écharpe a été retirée, la kinésithérapie peut commencer et durera au moins 2 mois pour retrouver toute la mobilité et la force normales de l’épaule.
- Le délai pour reprendre son activité professionnelle ou sa pratique sportive est variable : il dépend du type d’activité et du degré de sollicitation de l’épaule. La plupart du temps le sport peut être repris à 3 mois sans contact et à 4 mois sans limitation. Le Docteur Ciais travaille en étroite collaboration avec une équipe de médecins du sport que vous verrez au 4ème mois post-opératoire afin de reprendre vos activités dans les meilleures conditions.
Risques et complications de la chirurgie de Latarjet
La chirurgie de butée de Latarjet est sûre mais elle peut donner lieu, dans de rares cas, à quelques complications :
- Une infection puisque la technique implique une incision de plusieurs centimètres au niveau de l’épaule. C’est une complication exceptionnelle, qui peut être favorisée par le tabagisme ou un manque de précautions dans les soins post-opératoires.
- Un hématome qui peut disparaître spontanément ou nécessiter une évacuation chirurgicale.
- Une mauvaise cicatrisation, avec l’apparition de cicatrices chéloïdes, c’est-à-dire formant un bourrelet inesthétique.
- Des douleurs persistantes, ainsi que des craquements de l’épaule.
- Une récidive de la luxation, même si elle est encore plus rare qu’avec la technique de Bankart.
- Une capsulite rétractile, c’est-à-dire un enraidissement excessif de l’articulation. Elle peut durer plusieurs mois.
- Une lésion nerveuse accidentelle liée au geste opératoire.
- Une possible fracture des vis d’arrimage des tendons, ou de la butée créée sur l’omoplate.
Résultats attendus de la chirurgie de Latarjet
L’intervention de Latarjet donne de très bons résultats :
- La mobilité et la force de l’épaule sont restaurées. Le patient retrouve confiance en son épaule et ne craint plus de réaliser certains gestes.
- Les douleurs et les sensations d’instabilité sont supprimées.
- Les risques de récidives sont très rares. Cela permet aux patients jeunes de ne pas entrer dans une spirale de récidives successives qui abîment l’articulation et exposent à un risque futur d’arthrose ou de rupture de la coiffe des rotateurs. Le taux de récidive après stabilisation par technique de Latarjet par un chirurgien spécialiste de l’épaule est inférieur à 3% dans la littérature.